A Formosa avec Form’Oser

La semaine dernière j’ai rendu visite à Pauline et Benoît qui vivent à Formosa depuis bientôt deux ans.  Ils y mènent deux projets de solidarité internationale avec l’association qu’ils ont monté : Form’Oser. Je les ai suivis dans leurs projets pendant toute une semaine.

 Des conditions sommaires pour une proximité clé

Je débarque dans la province la plus pauvre d’Argentine par un beau dimanche matin. AFormoser team.jpg 8h00 la température est déjà de 30°C. Benoît vient me chercher à la station de bus, dans le taxi il me prévient : « Tu verras chez nous c’est rustique ».  Et pour cause : avec Pauline ils ont emménagé en plein cœur du quartier « Circuito cinco », un des plus pauvres de la ville. Dans ce quartier les rues sont en terre battue, on se déplace au milieu des chiens errants. L’ambiance sonore est un joyeux mélange  de salsa, de cumbia et musique folklorique qui s’échappe des maisons à coup de décibels bien chargés. On salut les voisins au passage : « Hola, que tal ? Todo bien ? ». Le trop plein des égouts s’écoulent dans la tranchée entre le trottoir et la rue. Dans les maisons l’eau bien que courante n’est absolument pas potable. Chez Pauline et Benoît ce n’est pas très grand, heureusement leur accueil très chaleureux compense le manque de confort. Ils m’expliquent que vivre dans ce quartier, leur permet de vivre au milieu des gens qu’ils côtoient dans leurs projets. C’est une façon cohérente et entière de vivre les projets. En effet, ils ne sont pas là pour faire la charité mais du développement social et économique. Ils sont au service des gens de leur quartier et ils travaillent et vivent avec eux.

Un projet sur mesure

L’histoire de Form’Oser, c’est l’histoire d’un couple qui voulait partir eCIMG3807.JPGnsemble participer à un projet de solidarité internationale mais qui ne trouvait de projet pour partir à deux. Alors ils ont décidé de se lancer et de monter leur propre projet. Benoît avait déjà passé 6 mois à Formosa en 2010 et il avait travaillé sur un projet de micro-crédit. Il savait que la personne qui menait ce projet depuis 13 ans voulait prendre sa retraite alors il a décidé de prendre son relais. Quant au projet de Pauline, il concerne la prévention et l’accompagnement de jeunes et de familles touchés par la toxicomanie et elle est l’a mis en place elle-même. Tous deux se disent à la fois  ravis et passionnés par leurs projets. Cependant le rythme est très soutenu car lorsqu’ils ne sont pas sur le terrain, ils sont en recherche de financements. En effet, depuis deux ans ils assurent entièrement le financement des projets de l’association ainsi que leurs salaires mensuels de 500 euros. Les semaines commencent lundi matin et se terminent dimanche soir, rythmées par les différentes réunions aux quatre coins de la ville et même de la province.

 

Des projets pertinents

Formosa est la province la plus pauvre d’Argentine. Beaucoup de gens vivent  de petits boulots comme la vente de nourriture dans la rue. Comme partout dans le pays la crise économique de 2001 a été ressentie fortement par la population. C’est à cette époque que le réseau de micro-crédit a été monté, depuis il s’est structuré avec l’aide de l’ONG national « Nuestras Huellas ». Ce réseau représente une opportunité pour les membres d’obtenir des crédits pour développer leur activité, chose qui ne leur seraient pas accordée par une banque classique. Cela leur donne également accès à une formation continue afin d’utiliser au mieux cette opportunité. Et finalement ils peuvent aussi épargner.

Si l’Argentine n’est pas productrice de cocaïne, elle demeure tout de même un plaque tournante de cette drogue puisque 20 tonnes transitent chaque année pour être vendues sur place, en Europe et en Afrique.  En plus de la cocaïne, une autre drogue y a fait son apparition : le Paco ou Pasta base est un mélange de kérosène, acide sulfurique et autre substances chimiques. Elle est très abordable : 2 pesos (soit moins de 0.12 centimes euros) la dose, et provoque une dépendance immédiate. Eglise ArgentineLes drogues consommées en Argentine ne se limitent malheureusement pas à la cocaïne et le Paco et touche tous les milieux. Formosa étant une région frontalière du Paraguay, le problème de la drogue y est particulièrement présent. Alors l’Eglise a décidé de mettre en place avec l’aide de Pauline des Equipes de Prévention des Addictions: EPA. Le rôle de ces équipes de volontaires est d’accompagner les familles touchées par la drogue et également de faire de la prévention auprès de la population.

La suite du projet

Pauline et Benoît vont bientôt repartir pour la France. Ce n’est pas pour autant qu’ils vont oublier Form’Oser. Tout d’abord ils ont décidé de continuer à financer les projets depuis la France, ainsi que les salaires des deux nouvelles recrues. En effet, ils ont recruté un autre couple pour les remplacer sur le terrain. Niels et Clotilde sont d’ailleurs très attendus à Formosa. Pauline et Benoît font vraiment tout ce qu’ils peuvent pour leur rendre leurs débuts en Argentine agréable. Ils ont même prévu d’aller les accueillir à Buenos Aires et de leur présenter tous leurs amis et contacts de la capitale !

 

Une réflexion au sujet de « A Formosa avec Form’Oser »

  1. Quelle richesse et quelle chance tu as de rencontrer des personnes avec plein d’idées, de projets et qui les mettent en oeuvre ! Merci pour ton partage, ça fait un peu voyager et ça permet de se questionner. En tout cas toutes ces personnes que tu connais qui osent s’engager, travailler leur témoignage via ton blog est précieux. Merci

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